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Les mille pommes d'or d'Atalanta
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25 mars 2010

Entre Cougars et princesses de contes de fées (Chroniques d'Oz, chapitre 4)

A ses heures, l'Australien sait être écologiste. L'une des espèces -pas exactement menacée- dont le sort le préocuppe le plus dernièrement semble être le cougar. Pour celles qui ne sont pas encore familiarisées avec ce terme peu répandu en France, mais courant chez les Anglo-saxons, le cougar -en référence au nom anglais du puma- est une façon plus ou moins péjorative de désigner une femme ayant dépassé les 35 ou 40 ans (selon les sources), qui « chasse » lhomme plus jeune quelle, bousculant les conventions sociales qui veulent qu'un couple soit constitué par une femme et un homme de son âge ou.. plus âgé. Mais surtout pas le contraire.

Institutionalisée il y a plusieurs siècles par des personnages historiques marquants comme Catherine II de Russie, la chasse au "cub" -ou lionceau en français- est aujourd'hui pratiquée avec succès par certaines « people ». Les plus connues sont Madonna associée depuis son divorce davec Guy Richie déjà de 10 ans son cadet à un manne quin de 27 ans son cadet- Demi Moore, mariée à un Ashton Kutcher qui lui rend 17 ans, ou encore Susan Sarandon, qui partageait jusqu'en 2009 la vie de Tim Robbins, qui a 12 ans de moins qu'elle.

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Mais ce qui a récemment attisé l'intérêt des Aussies pour ce phénomène de société est le battage autour du lancement sur les antennes nationales de la série Cougar town. Courteney Cox, une des anciennes friends, en est la vedette. N'ayant vu aucun épisode, je ne porterai pas de jugement définitif sur la série elle-même, sinon que les quelques extraits auxquels je n'ai pu échapper étant donné le martelage de la promotion, m'ont semblé navrants de bêtise et de clichés. Et il semble qu'avec beaucoup plus d'informations que moi, la journaliste de Sunday Life supplément de Week end de The Age -qui s'est fendue d'un article de quatre pages sur le sujet, couverture à l'appui- soit parvenue à des conclusions encore plus sévères que les miennes.

"Je me demande si la colère contre les cougars est un effet secondaire de la visibilité grandissante de femmes plus âgées dans des positions d'autorité", s'interroge Emily Nussbaum, qui après avoir apprécié le personnage débridé de Samantha dans Sex and the City, reste sceptique devant Jules, celui incarné par Courteney Cox dans Cougar Town. Mais alors que Sex and the city était une émanation des chroniques de Candace Buschnell dans le New York Observer, Cougar Town est celle d'un univers hollywoodien encore très masculin, ainsi que le rappelle ce récent article du New York Times.

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Pendant que les adultes jalousent, craignent ou ridiculisent les cougars, les petites filles se lovent dans un bain de "rose princesse", avec le plus grand des délices. Aux traditionnels contes de fées dont notre enfance a été bercée, s'est ajoutée la culture princesse, instrument marketing habilement dirigé vers les petites filles. Et dont certaines mères, comme Mia Freedman, une chroniqueuse du même Sunday life, s'émeuvent. "Pourquoi les personnages féminins des contes de fée n'ont-elles ni job, ni amis, ni talents ou capacités particulières?", interroge-t-elle dans une réflexion que l'on peut retrouver ici, sur son site mamamia.  "Pourquoi chaque femme doit nécessairement être sauvée par un prince? Pourquoi ne peuvent-elles pas se sauver toutes seules?"

Mia Freedman évoque également l'image corporelle véhiculée par la représentation de ces princesses, à la minceur irréelle: "Elles donnent l'impression que les mannequins que l'on voit dans les magazines sont obèses", ironise-t-elle. Le sujet de cette minceur avait d'ailleurs été abordé dans ce post par un chroniqueur, dont le blog est publié sur le site de l'hebdomadaire américain Newsweek et il a eu provoqué tellement de réactions qu'une suite a été publiée.

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Les questions posées par Mia Freedman, personnalité de son pays la plus suivie sur Twitter, sont légitimes. Depuis la révolution des années 70, la place de la femme dans la société a considérablement changé. Mais pas les contes de fée. Pas les histoires que l'on met dans la tête des petites filles, abondamment relayées par un merchandising à la fois séduisant et agressif, qui tient lieu d'amplificateur. La chronique de Mia Freedman m'a poussée à revisiter mon enfance et le rapport que j'avais moi-même développé avec les contes de fée à l'époque où j'avais l'âge de m'y intéresser. Je me suis toujours demandé pourquoi les personnages de princesse n'étaient pas ceux par lesquels j'étais attirée. J'étais désolée pour la belle au bois dormant et son long sommeil, mais j'avais surtout envie de chiper sa cape et son beau costume noir à Maléfice, la méchante fée. Lorsque j'ai découvert le film de Jacques Demy Peau d'âne, j'ai suivi avec intérêt la vie solitaire de Peau d'âne, cachée dans sa petite cabane dans la forêt. Mais c'était plutôt à sa marraine la fée -esprit libre drapée dans des robes vaporeuses qui n'entravaient pas ses mouvements- à laquelle j'avais envie de ressembler.

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Peut-être suis-je une exception, mais peut-être pas. Dans ses contes qui farcissent la tête des petites filles, le shéma est quasi incontournable: une jolie princesse en danger est sauvée par un beau prince en dépit des agissements néfastes d'une ou plusieurs méchantes sorcières. Et l'unique route du bonheur est indiquée par un panneau: "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". On peut évidemment espérer que le message réducteur ne persistera pas de la petite fille à l'adolescente, mais il serait évidemment plus simple d'offrir aux petites filles une plus grande variété de mythes sur lesquels construire leur identité.

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